Le Gabon, riche en ressources naturelles et stratégiquement situé au cœur de l’Afrique centrale, bénéficie d’un potentiel économique important qui reste encore largement sous-exploité. Historiquement, l’économie gabonaise a reposé sur l’exportation de matières premières comme le pétrole, le manganèse ou le bois. Cependant, la nécessité de diversifier la base productive est devenue de plus en plus pressante au vu des fluctuations des cours internationaux et des défis liés à la durabilité environnementale. Dans ce contexte, la promotion du commerce international et le développement de filières émergentes constituent des priorités essentielles pour asseoir une croissance économique plus résiliente, inclusive et compétitive.
Le gouvernement gabonais, soutenu par divers partenaires, a déjà entrepris des réformes visant à améliorer l’environnement des affaires : simplification des procédures de création d’entreprise, révision du cadre légal, promotion d’initiatives telles que la zone économique spéciale de Nkok, etc. Malgré ces avancées, de nombreux entrepreneurs et petites et moyennes entreprises (PME) rencontrent encore des obstacles dans leur processus d’exportation. Les formalités douanières, les coûts logistiques élevés ou l’absence d’infrastructures fiables entravent la fluidité des échanges. De plus, le manque d’informations fiables et actualisées sur les marchés extérieurs (standards de qualité, exigences sanitaires, tendances de consommation) limite la capacité des producteurs locaux à se positionner dans des secteurs porteurs comme l’agroalimentaire, l’artisanat ou le tourisme.
Pour relever ces défis, Action Gabon promeut une stratégie en plusieurs volets. D’abord, il importe de renforcer la qualité et la compétitivité des entreprises désirant exporter. Les filières émergentes comme l’agro-industrie, l’écotourisme, l’artisanat à forte valeur ajoutée ou encore les services numériques peuvent offrir des perspectives de croissance significatives, à condition de développer des produits répondant aux normes internationales. Cela implique non seulement une amélioration des techniques de production et une mise à niveau des compétences, mais aussi l’accès à des outils de financement adaptés, tels que le crédit export ou l’assurance-crédit. Les entrepreneurs gabonais doivent pouvoir bénéficier de dispositifs d’accompagnement qui leur permettent de se professionnaliser, d’investir dans des équipements modernes et de réaliser les certifications exigées sur les marchés extérieurs.
Un second volet concerne l’information économique et la mise en relation des acteurs. L’exemple de la plateforme « Gabon Eco », soutenue par Action Gabon, illustre l’importance de mettre à disposition des entrepreneurs un espace numérique regroupant à la fois des données actualisées sur les procédures d’exportation, les réglementations douanières, les opportunités de partenariat et les études de marché. La plateforme cherche également à faciliter les rencontres et les échanges entre acheteurs internationaux et producteurs gabonais, notamment à travers l’organisation d’événements virtuels ou de foires commerciales. À l’heure de la digitalisation, il est primordial de tirer parti des outils en ligne pour réduire la distance géographique et accroître la visibilité des produits made in Gabon. En parallèle, des formations spécifiques peuvent être dispensées aux PME pour optimiser leur présence sur Internet, maîtriser les canaux de vente en ligne et adapter leur branding aux attentes d’un public international.
Un troisième aspect fondamental est l’amélioration des infrastructures de transport et de logistique. Le commerce international suppose en effet la fiabilité des circuits d’acheminement, que ce soit par voie terrestre, ferroviaire, aérienne ou maritime. Les ports jouent un rôle clé dans l’exportation, en particulier le port d’Owendo et celui de Port-Gentil, mais ils doivent être modernisés pour faciliter le transit des marchandises, réduire les délais d’attente et limiter les coûts de manutention. De plus, le développement de corridors routiers entre le Gabon et les pays voisins, comme le Cameroun ou la Guinée équatoriale, dynamiserait le commerce régional et créerait des synergies économiques dans la sous-région. Les investissements dans la connectivité numérique sont aussi cruciaux pour le suivi des cargaisons, la traçabilité des produits ou la simplification des formalités administratives.
En parallèle, une diplomatie économique proactive est nécessaire pour ouvrir de nouveaux marchés et valoriser le potentiel gabonais. Les accords commerciaux et les partenariats bilatéraux ou multilatéraux peuvent favoriser l’accès aux marchés émergents en Asie, en Europe ou en Amérique du Nord. Toutefois, il convient de négocier ces accords de manière à protéger les secteurs sensibles et à encourager le développement de filières industrielles locales. L’alignement sur les normes et standards internationaux, qu’ils soient sanitaires, phytosanitaires ou environnementaux, est incontournable pour réussir sur des marchés exigeants, mais il doit s’accompagner d’un accompagnement technique pour les PME afin d’éviter qu’elles ne soient exclues en raison d’un déficit de capacités ou de moyens.
Une attention particulière doit être portée au renforcement des filières agricoles, artisanales et touristiques, qui présentent non seulement un fort potentiel d’exportation, mais aussi un impact social et territorial significatif. Par exemple, la transformation agroalimentaire pourrait créer de la valeur ajoutée localement, en évitant l’exportation de matières premières brutes. Les fruits tropicaux, l’huile de palme produite de manière durable, le cacao de qualité supérieure, le miel forestier ou encore certains produits de la pêche locale sont autant de richesses potentiellement commercialisables à l’extérieur, sous réserve d’un marketing approprié et de la garantie de traçabilité. De même, l’artisanat gabonais, qu’il s’agisse de sculpture sur bois, de tissage ou de bijoux traditionnels, attire un public international recherchant l’authenticité et l’originalité. L’organisation de salons internationaux, la création de labels de qualité et la collaboration avec des designers contemporains peuvent redynamiser ce secteur et en faire un moteur d’exportation.
En ce qui concerne le tourisme, la promotion de l’écotourisme et du tourisme culturel a déjà démontré son potentiel dans plusieurs régions d’Afrique. Le Gabon, avec ses parcs nationaux et sa faune exceptionnelle, dispose d’un atout majeur pour attirer les visiteurs internationaux à la recherche d’expériences nature uniques. Toutefois, il reste encore à développer des infrastructures hôtelières écologiques, des circuits de visite respectueux de l’environnement et des services de transport fiables. Les communautés locales devraient être pleinement impliquées dans ces projets, afin de favoriser un tourisme responsable qui bénéficie aux populations et assure la préservation des écosystèmes. Le renforcement des capacités des guides, la mise en valeur du patrimoine immatériel (contes, danses, gastronomie) et la promotion ciblée sur les marchés touristiques internationaux sont autant de pistes à explorer.
À côté de ces filières, l’économie numérique et les services constituent un champ d’opportunités qui ne cesse de croître à l’échelle mondiale. Les start-up gabonaises qui se spécialisent dans la fintech, la logistique digitale ou les applications mobiles peuvent trouver des débouchés à condition de bénéficier d’un environnement favorable à l’innovation : accès au financement, appui juridique, mise en réseau avec des incubateurs régionaux ou internationaux. La participation à des programmes d’accélération en ligne, l’inscription à des compétitions mondiales de start-up et l’adhésion à des consortiums technologiques sont autant de moyens de faire connaître la créativité gabonaise et d’ouvrir la porte à des collaborations fructueuses.
L’État doit, pour sa part, jouer un rôle d’accompagnateur et de facilitateur. Cela passe par la simplification des procédures douanières (guichet unique, formulaires en ligne, procédures standardisées), la mise à disposition de données fiables sur la conjoncture économique, l’encouragement de la formalisation des entreprises et l’amélioration du climat des affaires (lutte contre la corruption, protection de la propriété intellectuelle, etc.). Les institutions de formation, qu’elles soient publiques ou privées, doivent également s’adapter aux besoins du marché en intégrant davantage de modules sur le commerce international, la logistique, la négociation contractuelle ou l’e-marketing.
En définitive, la promotion du commerce international et le développement des filières émergentes au Gabon n’ont de sens que s’ils participent à la création d’emplois, à l’essor des territoires ruraux et à la réduction des inégalités. L’essor des exportations doit s’accompagner d’un ancrage solide au niveau local, pour éviter que la croissance ne profite qu’à une minorité. Les coopératives de producteurs, les syndicats professionnels et les groupements de femmes entrepreneures peuvent jouer un rôle clé dans la répartition équitable des bénéfices et la mutualisation des ressources. S’appuyer sur une main-d’œuvre locale qualifiée et sur l’expertise de la diaspora gabonaise peut accélérer l’adoption de bonnes pratiques et de normes exigeantes. Les décideurs publics, de concert avec la société civile et le secteur privé, devront veiller à ce que l’augmentation des échanges extérieurs ne compromette ni les équilibres environnementaux, ni la cohésion sociale.
À travers ses activités de plaidoyer, de formation et d’appui technique, Action Gabon souhaite contribuer à l’essor d’une économie gabonaise diversifiée et ouverte sur le monde, mais également socialement responsable et ancrée dans la réalité du pays. La plateforme Gabon Eco symbolise cette vision, en offrant un espace dynamique où se croisent informations, échanges de bonnes pratiques et partenariats potentiels. Au-delà d’un simple projet, il s’agit d’une ambition collective pour inscrire le Gabon dans une nouvelle ère d’intégration économique, d’innovation et de prospérité partagée. Le renforcement des filières émergentes et l’internationalisation de la production nationale, menés de manière inclusive et durable, représentent ainsi des piliers de cette stratégie pour un Gabon meilleur, capable de rayonner sur la scène africaine et internationale.