Le Gabon, comme de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, fait face à des défis considérables en matière d’éducation et de formation de sa jeunesse. Alors que la population jeune constitue une grande part de la démographie nationale, les perspectives d’accès à un enseignement de qualité, à une formation adaptée et à des débouchés professionnels restent inégales selon les régions, les catégories socio-économiques et les infrastructures disponibles. Les questions d’éloignement géographique, de moyens matériels, de ressources humaines et de pertinence des contenus pédagogiques se posent avec acuité. Dans le même temps, la jeunesse gabonaise incarne un potentiel extraordinaire : force de travail, créativité, soif d’apprendre et désir de participer aux grands enjeux du monde contemporain. C’est précisément pour exploiter pleinement ce potentiel et créer les conditions d’un développement inclusif que le renforcement de l’éducation et le soutien à la jeunesse doivent figurer parmi les priorités absolues du pays.
Au Gabon, l’accès à l’éducation se heurte d’abord à des contraintes structurelles. Dans de nombreuses régions, notamment en milieu rural, les infrastructures scolaires sont insuffisantes ou mal entretenues. Certaines écoles peinent à répondre aux besoins d’une population en croissance démographique, d’autres sont très difficiles d’accès en saison des pluies, faute de routes praticables. Par ailleurs, la pénurie de personnel enseignant qualifié aggrave les disparités : l’on constate parfois de fortes densités d’élèves par classe, ou encore l’absence de professeurs dans certaines disciplines clés, ce qui nuit à la qualité de l’apprentissage et au suivi individuel des élèves. De plus, les programmes scolaires, souvent centrés sur un socle académique traditionnel, ne prennent pas toujours en compte les spécificités locales, qu’il s’agisse de la langue, de la culture ou des réalités économiques du milieu.
Au-delà des aspects d’infrastructure et de programmes, la problématique de la rétention scolaire pèse lourdement sur la scolarisation des jeunes. Les abandons précoces sont fréquents, tant pour des raisons économiques (les familles ont besoin de la main-d’œuvre des enfants dans les champs ou pour d’autres travaux) que pour des raisons socioculturelles (mariages précoces, manque de valorisation de l’éducation, etc.). Les jeunes filles, notamment en zone rurale, sont particulièrement vulnérables à cette dynamique d’abandon, ce qui renforce plus tard les inégalités de genre dans le marché du travail et dans la participation à la vie publique.
Pour répondre à ces défis, Action Gabon soutient une approche intégrée qui vise à la fois la modernisation de l’éducation formelle et le développement d’initiatives de formation informelle et professionnelle. Le premier enjeu consiste à doter les écoles d’équipements et de ressources adéquates, qu’il s’agisse de salles de classe, de laboratoires scientifiques, de bibliothèques ou d’outils numériques. En effet, dans un monde de plus en plus connecté, l’initiation à l’informatique et l’accès à Internet offrent aux élèves de nouvelles opportunités d’apprentissage et d’ouverture sur le monde. Les plateformes en ligne peuvent venir pallier la pénurie de manuels ou de ressources pédagogiques, et encourager la collaboration entre établissements géographiquement éloignés.
Un second volet concerne la formation et la valorisation du personnel enseignant. Les enseignants constituent l’épine dorsale de tout système éducatif performant, mais ils sont souvent confrontés à des conditions de travail précaires : salaires bas, surcharge de travail, manque de soutien pédagogique, etc. Action Gabon recommande de mettre en place des plans de carrière clairs, des formations continues et un accompagnement régulier pour consolider leurs compétences et leur motivation. Des partenariats avec les écoles normales supérieures, les universités ou des organismes internationaux peuvent contribuer à l’élaboration de modules de formation plus adaptés, intégrant par exemple l’éducation à l’environnement, la pédagogie active ou encore les pratiques inclusives pour les élèves en difficulté.
Le soutien à la jeunesse ne doit pas se limiter à la seule scolarité obligatoire. Nombre de jeunes, en particulier dans les milieux défavorisés, manquent de repères au moment d’entrer dans la vie active. L’adéquation entre la formation reçue et les besoins réels du marché du travail constitue un autre défi majeur. Trop de filières sont surchargées et mènent à des débouchés saturés, tandis que d’autres secteurs porteurs (comme l’agro-industrie, le numérique, le tourisme durable ou l’artisanat de qualité) peinent à recruter des jeunes formés et motivés. Un renforcement des passerelles entre l’école et l’entreprise s’impose donc, que ce soit par le développement de l’alternance, l’incitation à la création d’incubateurs de start-up, ou la mise en place de stages obligatoires permettant aux élèves de mieux comprendre les réalités professionnelles. De plus, les formations techniques et professionnelles gagneraient à être modernisées et adaptées aux standards internationaux, afin que les certifications obtenues au Gabon soient reconnues au-delà des frontières et encouragent la mobilité des travailleurs.
La jeunesse gabonaise fait aussi face à des enjeux de santé, de sécurité et de citoyenneté. La vulnérabilité de certains adolescents, exposés à des risques tels que la toxicomanie, la délinquance ou la précarité, doit être prise en compte dans les politiques publiques. Pour réduire ces risques, il est essentiel de proposer des activités périscolaires, sportives, artistiques ou culturelles qui stimulent l’engagement et la confiance en soi. Les projets de service civique, par exemple, peuvent offrir une première expérience professionnelle tout en inculquant des valeurs de solidarité et de responsabilité. De même, la création de conseils de jeunesse à l’échelle locale ou régionale permet aux jeunes de prendre part aux discussions portant sur les politiques qui les concernent directement, renforçant ainsi leur sentiment d’appartenance et leurs aptitudes au leadership.
L’éducation doit également s’ouvrir aux dimensions environnementales et citoyennes. Le Gabon, riche en forêts, en cours d’eau et en biodiversité, a besoin d’une nouvelle génération consciente de la nécessité de préserver ce patrimoine naturel. Introduire des programmes d’éducation environnementale dans les curricula, organiser des sorties de terrain, impliquer les jeunes dans des projets concrets de reboisement ou de gestion des déchets sont autant de moyens d’ancrer des comportements responsables dès le plus jeune âge. Parallèlement, la compréhension des institutions, des droits et des devoirs du citoyen doit être renforcée pour façonner une jeunesse informée et prête à s’engager dans la vie démocratique du pays.
La collaboration entre les différents acteurs (gouvernement, organisations de la société civile, secteur privé, communautés locales) est déterminante pour faire aboutir ces réformes. Des financements conséquents, issus à la fois du budget national et de partenaires internationaux, s’avèrent nécessaires pour construire de nouvelles écoles, réhabiliter celles qui sont dégradées, équiper les salles de classe et former un plus grand nombre d’enseignants. Les autorités locales, quant à elles, doivent veiller à ce que chaque décision en matière d’éducation soit adaptée au contexte de leur commune ou de leur province, et élaborer des plans d’actions concertés avec les acteurs concernés (associations de parents, chefs traditionnels, structures religieuses). Lorsque chacun se sent investi et consulté, les chances de succès augmentent sensiblement, car le sentiment de copropriété du projet éducatif se diffuse dans la communauté.
En définitive, le renforcement de l’éducation et le soutien à la jeunesse constituent un investissement stratégique pour le présent et l’avenir du Gabon. Un peuple éduqué est un peuple capable de se saisir des défis qui se présentent, d’innover et de s’adapter aux transformations rapides du monde. Une jeunesse soutenue, c’est la garantie d’une transition intergénérationnelle réussie, évitant le piège du chômage massif et de la frustration qui pourrait en découler. Pour Action Gabon, s’engager sur cette voie signifie développer des programmes qui associent éducation formelle, accompagnement social, promotion de la participation citoyenne et formation professionnelle. Il s’agit de faire émerger une génération de Gabonaises et de Gabonais qui, forts de leurs compétences et de leur vision, contribuent activement à la construction d’une société plus juste, plus solidaire et plus respectueuse de l’environnement.
Toutefois, la réussite de cette ambition dépendra aussi de la capacité à évaluer en continu l’efficacité des politiques éducatives mises en place. Des observatoires ou des centres de recherche spécialisés pourraient être chargés de mesurer les progrès en termes de taux de scolarisation, de qualité des apprentissages, de réduction des inégalités de genre ou de taux d’insertion professionnelle. Les résultats de ces évaluations devront être communiqués de manière transparente, afin de renforcer la confiance du public et de mobiliser davantage de ressources et de soutien. In fine, la jeunesse gabonaise, si elle est bien formée et bien accompagnée, possède tous les atouts pour relever les défis majeurs du XXIe siècle, que ce soit la transition énergétique, la transformation numérique ou encore la diversification économique. C’est dans cette perspective que le renforcement de l’éducation et le soutien à la jeunesse revêtent une importance stratégique, non seulement pour le Gabon, mais pour l’ensemble de la région d’Afrique centrale.